Risques naturels, crises et catastrophes : les risques naturels, les catastrophes et leurs répercussions sur les territoires sont un point d’entrée majeur des vulnérabilités territoriales dans un contexte de changements climatiques et de pressions urbaines accélérés. Il s’agira de diagnostiquer et d’anticiper pour mieux gérer les perturbations induites par les événements naturels paroxysmiques. La géographie des risques et des catastrophes embrasse la chaîne de diagnostic et de gestion du risque depuis l’analyse des aléas jusqu’à l’évaluation de l’efficacité des mesures de prévention en passant par le scénario d’impact élaboré avec un fort appareillage cartographique (SIG, modélisation spatiale). La géomorphologie et l’approche historique des risques naturels s’attachent à contextualiser les notions de trajectoires de vulnérabilités et de résilience en apportant un regard rétrospectif sur le temps long. Dans ce projet, une attention particulière sera portée aux modalités du retour d’expérience post-CATNAT (RETEX) et du partage d’expériences, via la mise à disposition des acteurs institutionnels et des populations, d’outils de compréhension, de sensibilisation, de gestion de crise et d’aide à la décision pour réduire leurs vulnérabilités, capitaliser les expériences et consolider la mémoire des catastrophes.

Transport et mobilité : dans un contexte marqué par des évolutions climatiques préoccupantes, par l’épuisement des ressources de carburant fossile et par une forte dépendance des sociétés à l’automobile, il est fondamental d’analyser les vulnérabilités des territoires au regard des mutations des systèmes de transport qui les desservent, et d’anticiper leurs effets sur la mobilité et la localisation des activités et des hommes. Il s’agira d’analyser l’évolution des politiques de transport face au renchérissement du coût de l’énergie et aux nouvelles pratiques de déplacement, d’évaluer la dépendance automobile et ses conséquences territoriales (étalement urbain, accessibilité…), de modéliser la vulnérabilité des territoires en lien avec la performance différenciée des réseaux et services de transport, d’adapter l’offre intermodale de transport aux potentialités socio-économiques des territoires et aux besoins des usagers.

Enjeux et nouveaux défis de l’aménagement urbain : au prétexte de densifier la ville au titre du développement durable, les stratégies d’aménagement urbain ont indirectement favorisé l’exclusion d’une partie des ménages dans des banlieues. Tout en remettant en question l’urbanisme des « modernes », les aménageurs publics ont dû souvent composer avec un « urbanisme de promoteurs » faute de moyens publics à la hauteur des ambitions municipales, la pénurie de gisements fonciers en raison de l’étalement urbain et des « contraintes » réglementaires. Ainsi aux problèmes largement connus d’acceptabilité sociale de la densification, de ségrégation socio-spatiale et de pénurie de logements – en particulier sociaux – se greffent désormais des enjeux « nouveaux ». Le réchauffement climatique en accentue plusieurs, à commencer par le vieillissement de la population ou encore les risques « naturels ». La « ville globale » totem des maires-bâtisseurs des années 2000 se révèle être vulnérable, d’où l’émergence du concept de ville résiliente dont le caractère opératoire reste cependant à expérimenter. C’est un enjeu de recherche situé à la croisée des travaux en géographie et en aménagement.

Analyse spatiale, cartographie et modélisation pour l’aménagement : en s’intéressant aux propriétés de l’espace géographique en lien avec les fonctionnements sociétaux, l’analyse spatiale accorde une place essentielle à l’étude des localisations et des interactions. L’élaboration de modèles, en tant que représentations simplifiées de la réalité, permet de mieux la comprendre et de la faire comprendre. La réalisation de simulations permet d’étudier, en laboratoire, l’évolution des comportements des systèmes spatiaux suite à la modification de leurs paramètres constitutifs ou de paramètres externes. Ainsi, par sa capacité diagnostique, prospective et prescriptive, l’analyse spatiale éclaire les prises de décisions en aménagement du territoire. En effet, la qualité de l’aménagement repose sur la capacité à réaliser un diagnostic précis du système étudié, à projeter son évolution, à prescrire les solutions les plus adaptées et à évaluer leurs effets. L’analyse spatiale contribue ainsi à objectiver les décisions en complément des approches économiques et sociales. Elle intervient ex ante afin de tester différents scénarios possibles d’évolution ou ex post afin d’évaluer les conséquences de tel ou tel projet ou de telle ou telle politique. Tous les domaines de l’aménagement du territoire sont concernés (risques, transports, santé, développement local, urbanisme, environnement, etc.). L’analyse spatiale se nourrit de la connaissance des lieux et de leurs habitants. Elle comprend une forte composante « terrain » qui constitue un préalable indispensable au travail de modélisation sur machine. Elle rejoint en cela l’un des fondements de l’aménagement du territoire.

 

Littoral, eau, aménagement : de tous les milieux « naturels » les zones littorales sont à la fois les zones produisant le plus de services écosystémiques et le réceptacle de multiples pressions anthropiques à la fois terrestres et maritimes. Le thalassotropisme globalisé nécessite une vision pro-active de l’aménagement de ces territoires complexes et des bassins versants situés en amont. Il s’agira de mobiliser des méthodes qualitatives et quantitatives biophysiques destinées à évaluer les gains ou les pertes de biodiversité en fonction des variantes ou des choix d’aménagement et d’associer le public à plusieurs moments de la conception du projet d’aménager via des outils numériques de concertation (plateforme e-Débat) et de co-construction chercheurs-citoyens-acteurs. La finalité est de mener une réflexion intégrée, faisant le lien entre l’évaluation des effets politiques des aménagements, la perception du public sur la prise en compte de l’environnement et le développement d’ouvrages supports de biodiversité.

Géomorphologie littorale et appliquée : Lorsque survient un événement de haute énergie tel qu’un tsunami, un cyclone ou une tempête, l’hystérèse des côtes est rapide. Des changements côtiers sont immédiatement observables. La conduite de RETEX en géomorphologie doit conduire à une qualification exhaustive et à haute résolution des niveaux extrêmes (vagues, surcote…) et révéler toutes les temporalités des événements de haute énergie (durée, ampleur et extension) et de leurs effets. Il permet de s’interroger sur les capacités d’auto-organisation, de réajustement et de récupération des systèmes côtiers après un événement de haute énergie. La résilience côtière n’est pas linéaire, elle s’inscrit dans des cycles de durée variables, annuelle à millénaire. Désormais les interventions de l’homme sur les milieux physiques créent une résilience entretenue socialement et non plus une résilience naturelle. La compréhension de la cinématique des événements extrêmes est ici fondamentale dans un souci de transfert de connaissance vers les acteurs de la gestion des littoraux.

 

Santé et Territoires : l’analyse spatiale des inégalités de santé des populations (objet de la géographie de la santé) cherche, au sein d’un territoire défini, à mettre en exergue les caractéristiques et les relations d’interdépendances, qu’elles soient spatiales ou temporelles ou entre les grandes composantes internes (démographie, sanitaire, sociale, culturelle, économique, environnementale…). L’état des lieux, la détermination des enjeux, le choix d’une stratégie, la proposition d’actions et la mise en œuvre sont les étapes de cette démarche. Ce volet recouvre également la question des risques phytosanitaires liés aux pesticides. Elle repose sur l’analyse de scénarios de réduction des risques en proposant des combinaisons de substitution des produits phytosanitaires, en fonction de critères d’efficacité, de performance économique et de vulnérabilité des milieux naturels. Ces outils de gestion de précision peuvent ensuite être utilisés dans le cadre d’une gestion collaborative locale.

Trajectoires des espaces ruraux : les dynamiques territoriales sont influencées par les transformations liées à la mondialisation des échanges, la dérégulation des marchés, les migrations, la montée en puissance des réformes de gouvernance et les défis environnementaux. Cette situation induit des tensions entre un échelon global à la fois source de contraintes et d’impulsions et un échelon local offrant diverses modalités d’action et d’adaptation au changement. La thématique « Trajectoires, différenciations et inégalités dans les Sociétés et les Espaces Ruraux » a pour objectif d’identifier et d’analyser dans leurs dimensions spatiales, sociales et économiques les dynamiques de différenciation et de recomposition des sociétés et des espaces ruraux. La démarche part du postulat d’une intégration différenciée des territoires ruraux en termes d’activités, de fonctionnalités, de temporalités. Elle pose l’hypothèse que les modalités d’interaction entre acteurs et entre niveaux décisionnels expliquent en partie les trajectoires des sociétés et espaces ruraux. Ces modalités sont à la fois le produit de la spécificité historique des territoires, de la dynamique des systèmes d’activités et des réseaux d’acteurs locaux.

Action publique et développement local en Europe : au regard de « l’action publique », les enjeux de la recherche consistent à saisir la dimension spatiale de l’application des principes de la gouvernance locale à travers l’étude des dispositifs de politiques publiques en circulation dans l’Union européenne (Programme européen LEADER, dispositif ATI (approches territoriales intégrées), à interpréter la formation, la composition et le mode de fonctionnement des réseaux d’acteurs, à identifier les mécanismes de construction et de valorisation des ressources locales, et à interroger les concepts intégrateurs du développement territorial pour l’analyse géographique. Dans le cadre d’une démarche géographique, les enjeux de la recherche résident dans la caractérisation des modes d’insertion et d’articulation des économies locales à l’économie globale en identifiant des trajectoires d’évolution territoriale, de saisir les effets spatiaux de l’application de la gouvernance multi-niveaux en étudiant le mode de pilotage et les formes de contractualisation des démarches endogènes de développement territorial.