Ce projet de recherche s’intéresse à la fabrique des initiatives territorialisées d’adaptation au changement climatique dans la Caraïbe insulaire, à travers une analyse des acteurs, des échelles d’intervention et des enjeux territoriaux de la coopération internationale en matière d’adaptation. Les Petits États Insulaires en Développement (PEID) du bassin caraïbe sont particulièrement vulnérables face aux conséquences des changements climatiques en cours (intensification des phénomènes météorologiques extrêmes comme les sécheresses et les précipitations extrêmes, les ouragans et les tempêtes tropicales, élévation du niveau de la mer ou encore appauvrissement de la biodiversité) et peinent à produire les efforts nécessaires pour s’y adapter malgré l’urgence (David, 2010 ; GIEC, 2022). Dans le prolongement des travaux dédiés aux acteurs de l’aide au développement (Gabas et al., 2014 ; Banks et Hulme, 2014), la thèse ambitionne donc de contribuer à une meilleure compréhension des acteurs de l’adaptation au changement climatique dans les îles de la Caraïbe, ainsi qu’à l’analyse et à la spatialisation des échelles et des périmètres de leurs actions de coopération. La thèse propose de partir d’une géographie des projets dans les territoires caribéens, pour saisir quels acteurs les portent, les financent, les gèrent, et quelles alliances et réseaux de coopération se construisent entre différentes échelles territoriales autour de ces initiatives d’adaptation au changement climatique, entre réalités locales et injonctions globales. A cette fin sera menée une analyse fine des projets mis en œuvre dans deux zones côtières représentatives de la diversité des enjeux et des contextes socio économiques de la région – la baie de Samaná en République dominicaine et le territoire Kalinago en Dominique. En dépit d’une multitude d’acteurs qui se sont emparés de la problématique en formulant des projets de coopération internationale, les initiatives qui se concrétisent dans l’archipel caraïbe restent dispersées (Lahaye, 2011) et peu documentées (GIEC, 2022). Bien que de nombreuses dynamiques endogènes peuvent expliquer les difficultés de mise en œuvre (Rodriguez-Matos, 2011 ; Robinson, 2018), la fragmentation de l’aide au développement (Chartier, Rivière, 2018) et l’impact de l’approche globalisée qu’elle véhicule (Olivier de Sardan et Vari-Lavoisier, 2022) méritent d’être questionnés.
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